Récit : A l'attaque des canyons !



A l’attaque des canyons de la vallée de la Marsyangdhi
« Est des Annapurnas »



Du nouveau au Népal ! Le gigantesque potentiel du pays en matière de canyon n’avait jamais été mis en valeur et c’est désormais chose faite. Une équipe de six professionnels s’est rendue sur place cet hiver pour prospecter et équiper un secteur entier sur le trek des Annapurna. C’est un petit événement car c’est la première fois au Népal qu’une zone entière est prête à accueillir les adeptes de rappels arrosés et de glissades aquatiques. Et il y a de quoi s’amuser ! 5000m de dénivelés cumulés répartis sur plus de 10 canyons, au pied des Annapurnas ! Le terrain de jeu et l’ambiance sont à la démesure du pays, magnifiques et imposants. 



Enfin on y est !! Depuis le temps qu’on travaille sur ce projet et qu’on se languit de partir, quel bonheur d’être enfin arrivé ! Nous sommes le 19 janvier 2005 et il est 14h. Un sourire béat se lit sur nos visages mais nous sommes tout bien crevés après 20 heures d’avion. C’est parti !  A nous le Népal et les canyons de l’Himalaya !
Deux d’entre nous sont venu en 2004 et ont ouvert 10 canyons dans la vallée de la Marsyangdhi. Notre objectif est de rééquiper les Khola ouverts (noms local des gorges) aux normes en vigueur, d’en faire la topographie complète et d’ouvrir d’autres canyons repérés lors des reconnaissances. Une action pédagogique est également prévue auprès de guides locaux.



Le secteur dans lequel nous nous rendons est situé dans la vallée de la Marsyangdhi, entre les villages de Bhulbule et de Tal. La zone correspond en fait à la première partie du trek faisant le tour des Annapurnas. C’est un endroit facile d’accès et bien desservi, à une journée de bus de Katmandou. Nous nous rendrons compte sur place qu’il offre tous les avantages pour satisfaire les canyonistes (et les trekkeurs) qui ont envie de sortir des sentiers battus et de découvrir le Népal sous un visage nouveau et original.
Nous n’avancerons pas en terrain inconnu puisque deux d’entre nous sont venus l’année passée. Nous avons une bases d’informations conséquente et notre plan d’attaque est  simple : remonter la vallée de la Marsyangdhi et rééquiper ses tumultueux affluents au fur et à mesure de notre progression.
C’est un des aspects pratiques de ce secteur : la difficulté des courses augmente régulièrement au fur et à mesure que l’on remonte la vallée, ce qui permet de s’acclimater en douceur à la morphologie des canyons. Toute une gamme de "Khola" s’offre ainsi à nous, entre Bhulbule Khola, canyon « école » avec une belle cascade terminale et «  l’engagé » Chamje Khola, course longue et technique nécessitant une maîtrise parfaite de l’activité. La partie basse de la vallée est ainsi propice à la découverte et à « l’échauffement », alors que sa partie haute présente un caractère plus sportif et engagé. 




Nous rééquipons donc à la suite Bhulbule, Kabindra, Gopte, Sansapu, Raindu et Syange Khola. La fatigue et quelques menus problèmes de digestion contraignent certains d’entre nous à laisser passer leur tour pour quelques sorties. C’est malheureusement mon cas et j’en profite pour me reposer et regrouper les relevés topographiques. Le rythme de l’expédition est soutenu et nous devons à chaque fois transporter tout notre matériel pour passer d’une étape à une autre. Nos sacs sont énormes et les villageois sont très étonnés de voir des touristes essayer de rivaliser avec les caravanes de mules qui transitent sans relâche dans la vallée.
Cela va faire maintenant 8 jours que nous arpentons le secteur et un facteur commun ressort de nos pérégrinations aquatiques : le fort caractère vertical des canyons et des courses de toute beauté ! Les gorges sont profondes et comportent de nombreuses sections engagées, les obstacles sont variés, successions de grandes cascades, marmites suspendues, partie encaissées, chaos de blocs… Nous avons de la chance car le temps est avec nous et l’ambiance est bonne au sein de l’équipe. 




Les marches d’approches sont souvent soutenues mais n’excèdent jamais l’heure et demie d’effort. Nous partons de bon matin, trouvant notre chemin dans le labyrinthe de sentiers qui courent parmi les terrasses sur les hauteurs de la Marsyangdhi. C’est un très bon moyen de découvrir la face cachée et sauvage de la vallée et elle s’offre chaque jour à nos yeux sous un nouveau visage.
Nous faisons d’ailleurs de nombreuses rencontres et l’accueil est toujours chaleureux et bienveillant. Les gens ne sont pas habitués à voir des touristes faire du « hors piste » et s’attarder par chez eux et ils sont très curieux.
Les canyons sont répartis sur les deux rives de la rivière et de nombreuses cascades sont visibles depuis le parcours du trek, parfois de très loin. Nous sommes d’ailleurs souvent accueillis au pied des derniers obstacles par des villageois venus profiter du spectacle. En bas de Syange et de Tal Khola c’est tout le village qui nous attend au pied des cascades !! Une nuée de gamins touche du bout des doigts nos combinaisons en se demandant sûrement où nous avons garé notre vaisseau spatial.
 

Les points de vue sur la vallée du haut des cassés de Syange ou de Bhulbule Khola (130 et 100m) sont exclusifs et imprenables. La concentration et la diversité des canyon y sont remarquables (une course possible tous les 2 kilomètres) et le cadre, constitué de petits villages traditionnels et de terrasses cultivées est magnifique.
Les lodges et autres restaurants sont nombreux le long du trek et ils offrent des possibilités de logement variées et de bonne qualité, juste au pied des canyons. C’est un détail non négligeable car les marches de retour sont ainsi quasiment réduites à néant. Quel bonheur de se retrouver au sec avec un bon thé chaud quelques minutes après être sorti de l’eau !


Yann Ozoux – « Canyon au Népal 2005 »

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